Dans beaucoup d’équipes agiles, on parle de communication, de confiance, de vision, de priorisation. On parle de sens, d’engagement, de posture. Mais rarement de qualité du travail.
C’est normal : pour beaucoup, la “qualité” est un sujet technique, réservé aux développeurs et aux testeurs.
Et pourtant, c’est souvent par là que tout commence.
📖 Plusieurs études récentes montrent que les transformations agiles qui réussissent sont celles qui font de la qualité un sujet collectif, et non technique (Saarikallio et al., 2023).
Un produit de qualité, ce n’est pas seulement un produit sans bug.
C’est un produit qui inspire confiance : à ceux qui le développent, à ceux qui le testent, à ceux qui le présentent en démo, et à ceux qui le livrent aux utilisateurs.
Cette confiance, c’est le socle invisible de toute équipe agile.
Sans elle, on retarde les livraisons, on évite les feedbacks, on contourne les tests “pour gagner du temps”, on garde la tête sous l’eau.
Quand la qualité est là, au contraire, le collectif respire.
Les discussions changent : on ne parle plus de “réparer”, mais de “faire évoluer”.
On ne parle plus de “blâmer”, mais de “comprendre”.
Et cette bascule culturelle, c’est exactement ce que cherche tout accompagnement agile.
📖 La littérature agile met de plus en plus en avant cette corrélation entre culture d’équipe et qualité des livrables (TechTarget, 2021).
Le métier de QA (Quality Assurance) est souvent vu comme celui qui vérifie que “tout fonctionne”.
Mais dans les équipes qui grandissent, le QA devient surtout celui qui relie : entre le produit et la technique, entre l’ambition et la réalité, entre le “pourquoi” et le “comment”.
Le QA pose des questions que tout coach agile rêve d’entendre dans une équipe :
Ces questions, posées dans le concret du quotidien, amènent l’équipe à parler de sens, de responsabilité, d’apprentissage collectif, sans jamais tomber dans l’abstraction.
📖 Des travaux comme celui de Telerik (2023) montrent comment le QA devient un pivot relationnel dans les équipes agiles, plus facilitateur que vérificateur.
QA Working Relationships in an Agile Development Team
Regarder la qualité d’un produit, c’est souvent regarder la qualité d’une équipe.
Quand les tests sont fragiles, c’est souvent que la communication l’est aussi.
Quand les corrections se font dans l’urgence, c’est souvent que les décisions en amont manquent de clarté.
Quand “personne n’a le temps de tester”, c’est souvent qu’on a perdu le lien entre valeur et livraison.
Autrement dit : les symptômes techniques racontent des histoires humaines.
En accompagnant une équipe par le prisme de la qualité, on accède à des signaux très riches : zones d’ombre, responsabilités floues, cercles de confiance fragiles, leaderships invisibles.
C’est un terrain d’observation, mais aussi un terrain d’action — car on peut agir sur du concret.
📖 Lindsjørn et al. (2016) ont montré que la qualité du travail d’équipe est l’un des meilleurs prédicteurs de succès dans les projets logiciels.
Teamwork quality and project success in software
Un coach ou un Scrum Master qui entre dans une équipe par la qualité du travail ne parle pas de théorie.
Il observe une livraison, un bug, une démo, un test.
Il invite à comprendre ensemble pourquoi les choses se passent comme elles se passent, sans jugement.
C’est une entrée humaine et pragmatique : les développeurs parlent leur langue, les PO voient les impacts concrets, les QA se sentent écoutés, et petit à petit, les discussions s’élargissent.
On passe du test à la responsabilité partagée, puis de la responsabilité à la confiance, puis de la confiance à la coopération.
Et c’est exactement ça, accompagner une équipe.
Travailler sur la qualité, ce n’est pas “faire plus de tests”.
C’est faire émerger une culture commune où chacun se sent responsable de ce qu’il met dans le monde.
C’est redonner du sens à la rigueur, du plaisir à la fiabilité, et de la fierté au travail bien fait.
Le QA, dans cette vision, n’est plus un rôle périphérique.
Il devient le miroir bienveillant d’une équipe en chemin vers sa maturité.
📖 Alami (2022) montre que les pratiques agiles (rétrospectives, revues, TDD) renforcent la qualité non pas par contrôle, mais par apprentissage collectif.
How Scrum adds value to achieving software quality?
La qualité du travail n’est pas un détail technique.
C’est une porte d’entrée humaine, systémique et durable pour qui veut accompagner une équipe.
Parce qu’en aidant un collectif à retrouver le goût du travail bien fait, on l’aide, en réalité, à mieux prendre soin de lui-même.
« La qualité, ce n’est pas un luxe : c’est la trace que laisse notre attention dans le monde. »
— Gwladys Hilarion, consultante IHMISEN